Jacques Delors promoteur d’un « nouveau modèle de développement »

Jacques Delors promoteur d’un « nouveau modèle de développement »

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Discours de Geneviève Pons lors de la cérémonie d'hommage à Jacques Delors à la Commission européenne le 31 janvier 2024.

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Jacques Delors promoteur d’un « nouveau modèle de développement »

« Vers un Nouveau modèle de développement » est le titre du chapitre 10 du Livre blanc de 1993 sur la croissance, la compétitivité et l’emploi, sous-titré « Des défis et des pistes pour entrer dans le 21ème siècle ». C’est en quelque sorte l’héritage que voulait laisser Jacques Delors avant de se retirer.

 

C’est le fruit d’une évolution, celle d’un homme venu du social qui réintroduit dans son analyse une dimension jusque-là absente. Ce sont trois dimensions, économique, sociale et environnementale qu’il veut désormais combiner. Il le fait avec son bagage personnel, d’économiste passé par la Banque de France et de syndicaliste chrétien. Mais aussi avec un bagage plus récent, celui qui, de Tchernobyl à Rio, l’a conduit à comprendre l’urgence environnementale et la nécessité de changer notre modèle économique pour sauver notre planète tout en préservant et même en stimulant l’emploi. Ces buts passaient pour lui, par une réforme fiscale consistant à taxer davantage les ressources naturelles pour éviter leur gaspillage et à alléger les charges sur le travail pour favoriser l’emploi. C’est notamment ce qui l’a conduit, avant Rio, à s’engager dans la très dure bataille pour une taxe sur le CO2, gagnée juste avant Rio, où il voulait que l’UE montre la voie.

 

Beaucoup de ses idées n'ont été mises en œuvre que bien plus tard, et certaines comme ETS, forme affaiblie de la taxe CO2, ne trouvent une réelle consistance qu’avec le Pacte Vert.

  

Le Pacte Vert est courageux, ambitieux et indispensable mais si l’on veut éviter son rejet par les agriculteurs, aujourd’hui dans la rue, comme par d’autres citoyens se sentant menacés, il faut clairement réaffirmer et traduire dans les faits cette recherche d’équilibre entre les trois dimensions du développement durable.

 

Je voudrais maintenant, aborder brièvement deux autres aspects de Jacques Delors, son talent de pédagogue et son rejet des acronymes.

 

Un jour de 1992, je l’accompagnai en voiture vers Luxembourg pour célébrer le 40 -ème anniversaire du traité CECA. Après avoir lu l’Equipe selon son habitude matinale, il s’est plongé dans ses notes et n’a pas tardé à se tourner vers moi avec cette question : « Geneviève, vous croyez qu’on vous comprend ? », « Oui, Monsieur le Président », « Eh bien, non. Si vous voulez qu’on vous comprenne, écrivez pour un enfant de cinq ans. C’est une leçon qui m’a servi et dont je me suis bien sûr resservi auprès de tous ceux avec qui j'ai travaillé.

 

Ce même souci de simplicité le conduisait à rejeter les acronymes qui rendent l’Europe incompréhensible. Je viens de toucher du doigt leur effet en prenant part à un évènement de la Mission européenne Starfish en France. Je n’étais pas sûre jusque là que sa grande ambition se traduisait dans les faits. J’ai entendu des participants enthousiastes nous parler de leurs beaux projets cachant la Mission européenne derrière des acronymes aussi inventifs que mystérieux comme Prep4Blue ou BlueMissionMed.

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