Un mois après Trump: pour l’Europe, l’heure du choix
17 February 2025

Un mois après Trump: pour l’Europe, l’heure du choix

Description

Le texte suivant est signé par les directeurs des Instituts Jacques Delors : Sylvie Matelly (Paris), Johannes Lindner (Berlin), Geneviève Pons (Bruxelles) et par Enrico Letta, Pascal Lamy et Etienne Davignon qui président leurs Conseils d'Administration respectifs.

Un mois après Trump: pour l’Europe, l’heure du choix

Nous savions que l’élection de Trump ne nous apporterait pas de bonnes nouvelles. Après un mois de provocations, d’agressions et d’injonctions méprisantes, nous savons maintenant qu’avec le nouveau Président des Etats Unis, nous sommes confrontés à de graves et multiples dangers. Il nous appartient d’y réagir de manière stratégique.

Dangers pour l’Europe, à commencer par la menace sécuritaire sur son front Est. Trump a ouvert sa négociation bilatérale avec Poutine en concédant sans contrepartie l’essentiel des demandes actuelles de Moscou, affaiblissant de la sorte la position de l’Ukraine. Avec ses attaques sur les valeurs européennes et son soutien aux forces politiques extrémistes dans certains de nos pays. Avec  des sanctions commerciales motivées par des problèmes économiques dont la source est aux US et pas chez nous. Pour ne pas évoquer ses rêves pour le Groenland ou pour Gaza qui seraient nos cauchemars.

Dangers pour le reste du monde en démolissant les fondements de ce qui existe de régulation du système international, qu’il s’agisse de son dédain pour la  souveraineté (celle des autres), pour ’échange international, ou pour l’environnement, ce qui frappera nombre de pays qui ont besoin de paix, de croissance ou de santé pour leurs populations. Dangers pour les migrants et pour les réfugiés.

Dangers pour les Etats Unis, où les oukases de Trump vont accroître l'inflation et affecter le jeu des contrepoids traditionnels entre les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires.

Tandis qu'une réaction européenne immédiate aurait pu paraître prématurée aussi longtemps que subsistait l'espoir de sauver une relation transatlantique essentielle dans notre histoire et dans nos mémoires, force est maintenant de nous rendre à cette dure réalité: il faut arrêter Trump.

Aux Etat-unis, ce qu’il appartient aux américains de décider.

Ailleurs, ici, en Europe, le seul endroit qui en soit capable avec le poids stratégique, économique et politique combiné de l’Union européenne et de ses Etats membres. Ensemble, nous pouvons  mobiliser une bonne partie du monde qui pense comme nous, mais qui n’a pas  les moyens d’agir de façon décisive.

Nous réalisons, bien sûr, l’ampleur de ce défi à un moment où nous n’avons pas encore la  stratégie qui doit unir les pays européens et leurs voisins, ni d’accord sur comment utiliser  les multiples outils dont nous disposons. Bâtir cette stratégie défensive et dissuasive est désormais un impératif existentiel. Elle doit reposer sur quatre piliers: un objectif clair et volontariste, les moyens de la mettre en œuvre, des décisions au niveau de l’Union, et une posture claire et nette à l’égard de ceux qui, dans l’Union, ne voudraient pas suivre le mouvement.

Nous  sommes à un moment  où, selon la formule de Jacques Delors, L’Europe a le choix entre “la survie ou le déclin”.

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