Verdissement de la politique agroalimentaire de l'UE
La filière agroalimentaire européenne fait face à des défis majeurs à la fois socioéconomiques, environnementaux, alimentaires, éthiques, financiers et technologiques. Pour garantir la sécurité alimentaire de l’Europe dans le futur, la filière doit passer par des changements majeurs. Sonverdissement est essentiel pour que l’UE atteigne ses objectifs en matière de climat et de biodiversité d’ici à 2030 ainsi que la neutralité climatique à l’horizon 2050. Dans ce contexte, la question de la réconciliation de la politique agricole commune (PAC) et de la stratégie « De la ferme à la table » a déjà soulevé des débats et doit être résolue.
La filière agroalimentaire européenne affiche une croissance stable en matière de valeur ajoutée brute sur les dix dernières années. En termes de valeur, l’Europe est le plus gros exportateur et le troisième importateur au monde de denrées alimentaires. Le secteur agroalimentaire est un employeur important, mais la structure de l’emploi est très hétérogène, notamment dans l’agriculture. Cependant, l’importance de cette dernière dans l’économie varie grandement selon les États membres. La production et la consommation agroalimentaires de l’UE étant profondément ancrées dans les chaînes d’approvisionnement internationales, la transformation de la filière européenne doit tenir compte du contexte mondial et entraîne des répercussions sur le commerce extérieur de produits agroalimentaires.
Dans le présent article, nous soutenons que la transformation verte de la filière agroalimentaire de l’UE ne réussira pas si elle n’inclut pas tous les acteurs de la chaîne de valeur, des secteurs des intrants et de la production primaire au commerce international et à la consommation, en passant par la transformation, le transport, le commerce de gros et la vente au détail.
Pour y arriver, il sera essentiel d’intégrer la PAC à la stratégie « De la ferme à la table ». La PAC est le principal instrument politique du secteur agroalimentaire au niveau européen ; il est donc nécessaire de veiller à ce qu’il soit cohérent avec la vision de l’avenir proposée par la stratégie « De la ferme à la table ». En outre, trois exigences devront être remplies : l’élaboration d’une stratégie commerciale appropriée pour répondre aux inquiétudes liées à la concurrence déloyale des importations, qui découle d’exigences environnementales moins strictes ; la définition d’une voie claire vers la décarbonation pour l’ensemble de la chaîne de valeur ; et la création d’un cadre favorable pour les consommateurs.