Les innovations financières au service de la protection de l’environnement et du climat. Les conversions de dette/nature : les exemples de la Barbade et de l’Equateur
Les opérations de conversion de « dette contre nature » font aujourd’hui l’objet d’une grande attention à l’issue des opérations conclues avec la Barbade en novembre 2022 et l’Équateur en mai 2023. L’intérêt porté à ces opérations, notamment lors du récent sommet de Paris pour un nou-veau pacte financier mondial, provient du fait qu’elles permettent la mobilisation de financements nouveaux, faisant intervenir des acteurs privés, à l’appui d’actions de protection environnementale – en l’occurrence en faveur de la biodiversité marine – pour des montants importants : 50 millions de dollars pour la Barbade, 340 millions pour l’Équateur, tout en réduisant le coût du service de la dette souveraine dans les pays bénéficiaires.
L’intérêt – mais aussi la complexité – de ces opérations dépasse cependant leur seule composante financière. Ces opérations encouragent, en effet, des réformes institu- tionnelles et administratives dans les pays bénéficiaires, à l’appui d’actions de protection de l’environnement, ainsi que la mise en place de cadres de gouvernance originaux. La prise en compte de ces dimensions (et de cette com- plexité) est une nécessité au moment d’apprécier si cet instrument pourra faire l’objet d’un développement plus large, vers d’autres applications environnementales ou sociales, comme la santé.
La présente note présente les principales caractéristiques de ces dispositifs financiers innovants sur la base des appli- cations aujourd’hui réalisées à la Barbade et en Équateur, les conditions de leur réussite, leurs points forts mais aussi les points de vigilance qu’elles appellent sur certains aspects, en les replaçant par ailleurs dans des probléma- tiques plus larges faisant aussi intervenir d’autres outils novateurs, comme l’assurance par le marché d’écosys- tèmes naturels ou les prêts dont les conditions de crédit sont liées au respect de conditions environnementales.
Fondamentalement, l’intérêt de ces opérations de conver- sion de dette réside dans le fait qu’elles pourraient contri- buer à réduire les oppositions entre le « Nord » et le « Sud » sur les questions environnementale et climatique autour de la reconnaissance pratique et concrète, grâce à ces dispositifs, que la biodiversité, les écosystèmes natu- rels, peuvent constituer un capital, un atout, que les pays en développement peuvent valoriser sur le plan financier et budgétaire, dès lors qu’ils en assurent la protection.