GRAPE 3: Transformer le système agroalimentaire européen, plus que jamais une nécessité
Cette guerre sur le sol européen n’est pas uniquement une crise humanitaire, politique et sécuritaire majeure, elle pose également des défis en matière de sécurité énergétique et en matière alimentaire, avec un impact majeur sur les systèmes agricoles et alimentaires en Europe et dans le monde. La situation actuelle le montre : avec la concentration des exportations et des approvisionnements alimentaires entre les mains de quelques pays seulement, le système alimentaire mondial et européen est vulnérable aux chocs.
Cette crise intervient alors que l’Union européenne (UE) s’est engagée, dans le cadre de la réforme de la Politique Agricole Commune entrant en vigueur en 2023, à développer une agriculture « plus juste, plus verte et davantage fondée sur les résultats ».
Toutefois, l’arrêt des exportations ukrainiennes et russes dû à la guerre pourrait causer un « ouragan de famines » selon le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Dans ce contexte, l’augmentation de la production agricole européenne pour pallier la crise alimentaire naissante fait débat parmi les dirigeants des États membres et pourrait remettre en cause les objectifs écologiques fixés.
Il est clair que l’UE doit agir pour assurer la sécurité alimentaire de sa population. La question qui se pose est comment. C’est l’objet de ce papier.
Afin de répondre à cette question, il est important de mesurer l’impact de la guerre en Ukraine sur nos systèmes agroalimentaires. Les perturbations de la production et du commerce agroalimentaire international causées par la guerre ont d’ores et déjà un impact grave sur la faim dans le monde et sur les pays les plus dépendants des importations de céréales ou d'engrais en provenance de Russie et d'Ukraine. Afin de compenser les pertes d'approvisionnement, toute réponse à court terme à la situation actuelle doit éviter des mesures protectionnistes. Il faut, au contraire, préserver des échanges ouverts et accroître le soutien financier au Programme Alimentaire Mondial. L’UE, qui sera surtout touchée par l'augmentation des prix des intrants, doit soutenir la sécurité alimentaire mondiale en assurant le fonctionnement des chaînes d'approvisionnement mondiales afin de fournir à tous une alimentation suffisante, saine et abordable.
Mais il ne suffit pas d’apporter des réponses immédiates, il faut aussi considérer le long terme. Pour garantir à l’UE sa sécurité alimentaire à l'avenir, il faut rendre nos systèmes agroalimentaires plus résistants aux crises futures, c'est-à-dire les rendre plus durables. Et pour parvenir à la durabilité environnementale, mais aussi économique et sociale, l'UE doit briser les silos et aligner les politiques sur des objectifs communs, développer une vision à long terme, mettre en place une structure de gouvernance plus cohérente et assurer une répartition équitable des responsabilités et des coûts tout au long de la chaîne de valeur alimentaire.
